Étude préparatoire pour 'La Grèce sur les ruines de Missolonghi'

Eugène Delacroix

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Date : n.d.
Technique : plume et encre brune ferro-gallique sur traits de crayon noir sur papier. L’encre ferro-gallique - utilisée par des maîtres comme Léonard de Vinci et Rembrandt – est obtenue par un mélange de noix de galle, de sulfate de fer et de gomme arabique. Cette technique était prisée pour sa durabilité et son contraste profond. Les dégradations du papier et du dessin sont dues à la composition de l’encre ferro-gallique qui la rend acide, d’où un doublage du dessin sur papier Japon.

Dimensions : 25,5 x 25 cm 
Acquisition : don de la Société des Amis du musée des Beaux-Arts de Bordeaux, 2025
L’Étude sera exposée du 3 novembre 2025 au 23 février 2026 dans l’aile Bonheur, sur la même cimaise que La Grèce sur les ruines de Missolonghi d’Eugène Delacroix
Crédit photo : F. Deval, mairie de Bordeaux

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Grâce à un généreux don de la Société des Amis du musée, le musée enrichit ses collections d’une rare feuille signée d’Eugène Delacroix. 

Cette étude préparatoire, première pensée sans doute pour le tableau La Grèce sur les ruines de Missolonghi – icône des collections bordelaises - témoigne des recherches préliminaires du peintre pour traduire la tension dramatique de cette scène historique, tout en révélant la virtuosité de son talent de dessinateur.

À l’aube du Romantisme, nombre d’artistes comme Eugène Delacroix, ainsi que des écrivains européens tels que Victor Hugo, Chateaubriand et Lord Byron, s'enthousiasmèrent pour la cause philhellène qui trouvait un écho politique à leur propre quête de liberté artistique. Ce dessin de Delacroix révèle avec brio le romantisme enfiévré de l’artiste et sa virtuosité à traduire l’expression d’une résistance désespérée. Les multiples positions des bras et les furieux enchevêtrements de traits de plume expriment le combat héroïque des quatre mille défenseurs de Missolonghi, encerclés par une armée d’ennemis. 

Le format carré du dessin se rapproche des autres croquis préparatoires pour le tableau ; cependant, la composition finalement retenue évoluera vers une figure verticale et statique très éloignée de celle à l’agitation désespérée qu’exprime ici l’extrême nervosité des traits d’encre brune. Delacroix choisira plutôt le sens d’un sacrifice conscient et d’un héroïsme silencieux au détriment de la violence des sentiments exacerbés. 

D'emblée, il songe à incarner la Grèce par une figure allégorique. Mais contrairement au hiératisme presque sculptural de la figure peinte sur le tableau, l’artiste campe ici une silhouette agitée, tout en mouvements contorsionnés (une étude pour le tableau, très proche de celle-ci, est conservée dans la collection du musée Eugène-Delacroix à Paris). Delacroix reprendra cinq ans plus tard cette idée de la femme conduisant la révolte dans La Liberté guidant le peuple (Paris, musée du Louvre), tableau commémorant les journées de la Révolution de Juillet 1830, où le peuple parisien, comme le peuple grec à Missolonghi quatre plus tôt, se souleva contre l’oppresseur, et conquit sa liberté de haute lutte. 

À noter

Le MusBA conserve déjà au sein de son cabinet d'arts graphiques trois dessins de l’artiste (une Étude pour Boissy d'Anglas à la Convention, un dessin à la plume représentant Deux Arabes assis et Le Martyre de saint Just, d'après le tableau éponyme de Pierre-Paul Rubens également conservé au musée), ainsi que deux chefs-d’œuvre majeurs La Grèce sur les ruines de Missolonghi et La Chasse aux lions. Cette étude vient ainsi renforcer cet ensemble remarquable autour de l’un des grands maîtres du romantisme français.

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