Sous domination ottomane (turque) depuis le milieu du 15e siècle, la Grèce se révolte en 1821. Parmi les artistes et les écrivains de la jeune génération qui prirent fait et cause pour le pays qui a vu naître la philosophie, les arts et la démocratie, on trouve notamment Victor Hugo, Chateaubriand, Lord Byron et Eugène Delacroix.
Inspiré par sa vision de la Grèce et passionné par l'actualité contemporaine, et bien qu’il n’y ait pas encore séjourné, Delacroix perçoit dans cette guerre d’indépendance un sujet saisissant et moderne. Il signe son engagement politique une première fois en 1824 avec les Massacres de Scio, et, en 1826 avec La Grèce sur les ruines de Missolonghi, qu'il expurge de ses éléments macabres. Cette fois-ci, plutôt que de représenter la sanglante réalité de la tragédie, il choisit l’allégorie, illustrant par l’image une idée et proposant une réflexion sur la quête de liberté qui est autant celle d'une nation que celle de l'artiste romantique
Incarnant la Grèce, une jeune femme vêtue du costume national, poitrine découverte et bras ouverts, presque agenouillée sur les ruines de la ville martyre qui vient de tomber, s’offre au regard, telle une vierge antique promise au sacrifice.
Peut-on y voir le symbole de la prochaine résurrection de la nation grecque ?
À la date où Delacroix peint son tableau, le succès des insurgés est incertain, et le Turc enfonçant son étendard en signe de domination symbolise bien la situation désespérée des Grecs.