La Grèce sur les ruines de Missolonghi

Eugène Delacroix

Image

Date : 1826
[Signé, daté en bas à gauche] : EUG. DELACROIX 1826
Technique : huile sur toile
Dimensions : H. 213 x L. 142 cm (sans cadre)
Acquisition : Achat au Salon de la Société des Amis des Arts de Bordeaux, 1852
N° inv. : Bx E 439
Exposé
Crédit photo : F. Deval, mairie de Bordeaux

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Quand un chef-d'œuvre en inspire un autre…

Sous domination ottomane (turque) depuis le milieu du 15e siècle, la Grèce se révolte en 1821. Parmi les artistes et les écrivains de la jeune génération qui prirent fait et cause pour le pays qui a vu naître la philosophie, les arts et la démocratie, on trouve notamment Victor Hugo, Chateaubriand, Lord Byron et Eugène Delacroix.

Inspiré par sa vision de la Grèce et passionné par l'actualité contemporaine, et bien qu’il n’y ait pas encore séjourné, Delacroix perçoit dans cette guerre d’indépendance un sujet saisissant et moderne. Il signe son engagement politique une première fois en 1824 avec les Massacres de Scio, et, en 1826 avec La Grèce sur les ruines de Missolonghi, qu'il expurge de ses éléments macabres. Cette fois-ci, plutôt que de représenter la sanglante réalité de la tragédie, il choisit l’allégorie, illustrant par l’image une idée et proposant une réflexion sur la quête de liberté qui est autant celle d'une nation que celle de l'artiste romantique

Incarnant la Grèce, une jeune femme vêtue du costume national, poitrine découverte et bras ouverts, presque agenouillée sur les ruines de la ville martyre qui vient de tomber, s’offre au regard, telle une vierge antique promise au sacrifice.

Peut-on y voir le symbole de la prochaine résurrection de la nation grecque ?
À la date où Delacroix peint son tableau, le succès des insurgés est incertain, et le Turc enfonçant son étendard en signe de domination symbolise bien la situation désespérée des Grecs.

Bon à savoir

La composition de ce tableau, la figure allégorique et sa portée politique inspireront en 1830 la conception du chef-d'œuvre le plus célèbre de Delacroix : la Liberté guidant le peuple, devenu symbole de la République française et de la liberté, exposé au Louvre.

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Œuvre emblématique du musée, ce tableau de Delacroix évoque la guerre d’indépendance grecque contre les Turcs. 
De 1821 à 1830, ce conflit mobilise une partie de l’intelligentsia européenne, comme les écrivains Chateaubriand et Lord Byron. Cette peinture allégorique, contemporaine des événements, dépeint la Grèce sous les traits d'une jeune femme revêtue du costume traditionnel grec. Celle-ci se tient au milieu des ruines ensanglantées d’où émerge le bras d’un cadavre sur un canon. Les têtes coupées posées sur la muraille, de même que le Turc enfonçant son étendard en signe de domination, symbolisent la situation désespérée des Grecs, que Victor Hugo décrit en 1826 dans son recueil de poèmes Les Orientales : « Frères, Missolonghi fumante nous réclame ». La même année, lors de sa présentation à la galerie Lebrun, à Paris, au profit de la cause hellénique, la toile est admirée par l’écrivain qui s’enthousiasme devant la mise en scène du drame, et le « pinceau large et fier » du peintre, dans l’emploi de la brosse et les coulures de peinture, que vous pouvez voir au premier plan. Delacroix perçoit dans la Grèce et ses révoltes un sujet saisissant et moderne annonçant son tableau le plus célèbre, La Liberté guidant le peuple, exécuté en 1830.

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