Edmond Boissonnet (1906-1995) : Le Combat avec l'ange

Musée des Beaux-Arts de Bordeaux du 1er décembre 2006 au 15 mars 2007

A la faveur d’une donation consentie par la famille de l’artiste, Bordeaux et Mérignac commémorent le centenaire de la naissance d’Edmond Boissonnet (1906-1995), en lui consacrant une double rétrospective. Fondateur du groupe des Peintres Indépendants bordelais en 1927, l’artiste compte parmi les figures majeures de la scène artistique régionale et s’est affirmé, sur le plan national, comme l’un paysagistes les plus représentatifs du courant expressionniste.

Edmond Boissonnet a d’abord reçu une formation de sculpteur sur bois à l’école des beaux-arts de Bordeaux. Dès 1921, il suit les cours de statuaire et de sculpture ornementale. Il s’illustre dans cette discipline et obtient, en 1923, un deuxième prix d’ornement. Il délaissera cette pratique en 1937, après une rencontre avec Pierre Bonnard : « Votre sculpture ne vaut rien, dans vos gouaches vos couleurs font l’amour Boissonnet… vous êtes peintre ». Raoul Dufy l’encourage également à peindre. Son travail est bientôt distingué par la critique et les récompenses suivent. En 1948, il reçoit le deuxième prix du Salon de la jeune peinture avec une toile présentée par Gaston Diehl, Poissons et citrons. En 1955, le jury de la biennale de Menton lui décerne une médaille d’or pour ses Filets. Sur les conseils d’André Lhote, il s’installe à Bordeaux et bénéficie alors de nombreuses commandes de vitraux et de panneaux décoratifs. Parmi ces réalisations, on peut citer celles du restaurant universitaire de Bordeaux et de la chapelle de l’institut des jeunes sourds de Gradignan, ou encore celles des églises d’Echourgnac, de Marmande et de Condat. En 1968, sa collaboration est également retenue pour la création de mosaïques au lycée de Talence, à l’observatoire de Floirac. D’autres décorations de même nature, réalisées avec la collaboration avec le peintre verrier J. Dupuy, voient le jour à Cenon, Lormont, La Teste… Au cours de la décennie suivante, Boissonnet élargit son registre pictural au domaine de la tapisserie. Avec sa femme Paulette, il crée une série de pièces uniques et d’une grande cohérence esthétique qui résume les qualités et les exigences d’un art voué à l’expression lyrique et sensuelle du monde sensible.

L’œuvre d’Edmond Boissonnet témoigne de quelques enjeux essentiels de l’art du vingtième siècle. Après avoir exploré la voie du cubisme, sous l’influence d’André Lhote, sa démarche s’oriente vers l’abstraction et tire librement profit des recherches de Kandinsky, de Bissière ou de Viera da Silva. Dans les années soixante-dix, l’artiste renouvelle son travail par une approche synthétique du mouvement. Inspiré par les images du sport, et plus particulièrement de l’athlétisme ou du rugby, son travail pictural s’épanouit alors dans une figuration rythmée et colorée.

Fruit d’une collaboration entre le musée des beaux-arts de Bordeaux et les services culturels de la ville de Mérignac, cette exposition s’attache à replacer l’œuvre protéiforme d’Edmond Boissonnet dans le champ de la création nationale et régionale, au cours des deux derniers tiers du vingtième siècle. L’espace rénové de la Vieille Eglise de Mérignac accueille le premier volet de cette manifestation, en évoquant le rayonnement de l’artiste au sein du courant Indépendant bordelais. Les salles Domergue du musée des beaux-arts présentent son évolution postérieure et confronte son travail à celui de quelques artistes qui partagèrent l’affiche du prestigieux Salon de Mai (Alechinsky, Jean Le Moal, Elie Sarthou). Elles offrent également un large panorama de ses multiples implications dans le domaine de la décoration institutionnelle ou privée.

 

Affiche de l'exposition

Affiche de l'exposition © Documentation Musée des Beaux-Arts - Mairie de Bordeaux