John MARTIN, Macbeth et les trois sorcières

John MARTIN (Haydon Bridge, 1789 – Ile de Man, 1854), Macbeth and the three Witches (Macbeth et les trois Sorcières), vers 1849-1851, huile sur carton préparé. 20 x 30.5 cm

Après un apprentissage dans le Northurmberland chez un carrossier en tant que peintre d’armoiries puis aux côtés du peintre piémontais Boniface Musso avant de devenir peintre sur céramique à Londres, John Martin exposa avec brio sa première œuvre à la Royal Academy en 1811, intitulée Sadak en quête des eaux de l’Oubli (St Louis Art Museum, Missouri). La composition dramatique, le goût pour le surnaturel et la lumière spectaculaire de l’œuvre firent sensation et devinrent les traits recherchés de la peinture de John Martin.

En 1820, John Martin exposa une toile aujourd’hui non localisée dont le sujet était puisé chez Shakespeare, représentant Macbeth. Le tableau était accompagné d’un extrait de la scène 3 de l’acte I, dans lequel Macbeth rencontre les trois sorcières en présence de Banquo. Les National Galleries of Scotland conservent une toile plus petite se rapportant à cette scène, réalisée à la même période. Il existe également une célèbre gravure de Thomas Lupton publiée en 1828, ainsi qu’une grande aquarelle préparatoire.

Cette peinture est une œuvre inédite qui n’était précédemment pas répertoriée. Elle se rapporte à la même scène que le tableau de 1820 mais montre une évolution palpable qui témoigne de la postérité de sa réalisation. Martin Campbell, spécialiste de l’artiste, la date en effet de la fin de la carrière de l’artiste, vers 1849-1850. Sur cette petite huile, John Martin procède à un changement d’orientation des personnages, en tournant leur tête en direction des sorcières vers la droite, dans un mouvement plus favorable à la lecture de la scène, de gauche à droite. L’artiste ajoute également au costume des protagonistes une armure et de petits boucliers ronds, caractéristiques des armes des Hautes terres d’Ecosse. Les silhouettes de Macbeth et de Banquo se dessinent sur un promontoire rocheux, haranguant les trois sorcières qui s’éclipsent, tels les nuages auxquels elles se mêlent, dans leur apparence diaphane. Les arbres quasiment dénudés ploient sous le vent. Un mouvement circulaire soulève les nuages chargés de pluie tandis qu’un soleil pâle et rose éclaircit la partie supérieure gauche de l’œuvre. Au second plan on devine la masse de l’armée détaillée par de petites touches de couleurs lumineuses. En haut à droite, un jet de peinture très fluide zèbre le ciel d’un éclair surnaturel, précédant la disparition des sorcières. La palette, expressive et particulièrement subtile, confronte des gris violacés à des roses lumineux. Martin Campbell note que ce chromatisme est typique des dernières huiles de l’artiste.

Au début des années 1850, John Martin, bénéficiant d’un regain d’intérêt, travaille à de nombreuses reprises de ses œuvres pour des amateurs fortunés. Ces grandes toiles sont ainsi souvent l’objet d’un nouveau travail dans de plus petites dimensions, en adéquation avec les cabinets des collectionneurs. A cette période, Martin s’intéresse également de nouveau aux sujets shakespeariens (avec The Forest of Arden issue de As you like it) ainsi qu’aux sujets écossais. L’œuvre semble issue de ce double mouvement.

Le musée des Beaux-Arts de Bordeaux mène une politique de valorisation de son fonds d’art britannique, relativement important pour les collections en régions. De nombreux événements, dont une grande saison britannique proposant plusieurs expositions (l’école de Bristol, chefs-d’œuvre du Louvre) viendront éclairer cette part importante des richesses du musée en 2020-2021.

John Martin, <i>Macbeth and the three Witches (Macbeth et les trois Sorcières)</i> © Musée des Beaux-Arts, F. Deval

John Martin, Macbeth and the three Witches (Macbeth et les trois Sorcières) © Musée des Beaux-Arts, F. Deval