Allan RAMSAY, "Portrait de la comtesse Elisabeth de Salisbury"

(Edimbourg, 1713 - Londres, 1784)

Portrait de la comtesse Elisabeth de Salisbury

Signé et daté en bas à droite : Ramsay 1769
Huile sur toile.
Hauteur 73 cm. Largeur 62 cm.
Historique : Achat de la Ville avec la participation du Fonds Régional d'Acquisition pour les Musées (F.R.A.M), 1992.

Sur un fond sombre, la comtesse de Salisbury, représentée à mi-corps, s’appuie sur son coude gauche tandis qu’elle tourne la tête vers sa droite, le visage légèrement mélancolique. L’éclairage naturel souligne la blancheur de la peau, les joues légèrement rosées, les cheveux blonds sur lesquels se détachent des rubans bleus. Les dentelles du châle, du décolleté et du volant des manches, associées à la riche étoffe bleue travaillée en rubans plissés, témoignent d’une toilette raffinée et du rang social du modèle.
Elisabeth de Salisbury (1721-1776) était la fille aînée d’Edward Keet et, depuis 1743, l’épouse de James Cecil (1713-1780), sixième comte de Salisbury, lord lieutenant d’Hertford et pair du royaume. La dignité de son mari l’amena à la cour de George II puis de George III dont Ramsay devint le peintre officiel dès 1760. Londres fut certainement le lieu de commande du portrait bordelais.
Celui-ci présente des analogies de composition et d’attitude du modèle avec quelques portraits plus anciens, comme ceux de Lady Helen Wemyss (1754, collection du comte de Wemyss et March), de Margaret Lindsay (v. 1758-1760, Edimbourg, National Gallery of Scotland), la seconde femme de l’artiste, ou de Lady George Lenox. Le naturel sans affectation de la pose résulte d’une recherche de sensibilité, de grâce et de charme auquel le peintre a ajouté le raffinement d’une gamme chromatique restreinte. Autant d’éléments qui caractérisent la seconde phase de la carrière de Ramsay à partir de 1753, et qui n’affectent en rien la dignité du modèle.
Le portrait de la comtesse de Salisbury trahit aussi l’influence des peintures françaises de François Boucher (1703-1770), de Carle Van Loo (1705-1765) et de François-Hubert Drouais (1727-1775), que Ramsay connaissait, notamment après les avoir vues à Paris en 1765.
Allan Ramsay devint peintre officiel du roi Georges III en 1760. Son voyage en Italie entre 1755 et 1757 lui permit d’enrichir ses portraits d’un sens psychologique, mais aussi de renforcer le maintien des modèles et la préciosité des vêtements. Il s’imposa très vite comme un des principaux fondateurs, avec Joseph Highmore (1692-1780), William Hogarth (1697-1764) et Thomas Hudson (1701-1779), de l’école anglaise du portrait. Avec son rival Joshua Reynolds (1729-1792), il fut l’un des maîtres incontestés de la peinture anglaise de cette époque.
 Alors que sa position officielle se renforçait en accédant au titre de Premier peintre ordinaire de la Couronne en mars 1767, Ramsay entama une activité de poète, d’écrivain et de polémiste dès 1731 avec le drame pastoral intitulé The Gentle shepherd (1755) ou Thoughts on the Origins and Nature of Government (1769) qui défendait le droit de la Couronne britannique à taxer les colonies américaines. Un accident survenu en 1773  l’empêcha ponctuellement de peindre, et lui fit privilégier la littérature en écrivant et en développant des relations avec Diderot, Voltaire et Rousseau dont il exécuta le célèbre portrait (1766, National Gallery of Scotland).
Le Portrait de la comtesse Elisabeth de Salisbury illustre l’approche de Ramsay dans un art du portrait que l’artiste développa avec équilibre, raffinement, pondération et sensibilité.
Image de "Portrait de la comtesse Elisabeth de Salisbury"©  Musée des Beaux-Arts-mairie de Bordeaux. Cliché L. Gauthier

"Portrait de la comtesse Elisabeth de Salisbury"© Musée des Beaux-Arts-mairie de Bordeaux. Cliché L. Gauthier