Léandre et Héro

Jean-Joseph Taillasson

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Date : 1798
Technique : huile sur toile
Dimensions : H.253 cm x l. 318 cm (sans cadre)
Historique : collection de l’État : acquisition par le gouvernement à la suite du Prix d’encouragement de l’an II pour 6 000 livres. 
Placé au Corps législatif du Palais Bourbon en 1810
Envoi du musée du Louvre au musée d’Albi en 1872
Déposé au Couvent des Minimes de la Citadelle de Blaye en 1952
Retour au musée du Louvre en 1988. Dépôt du musée du Louvre en 1989.
N° inv. : INV 8080
Exposé
Crédit photo : F. Deval, mairie de Bordeaux

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Ce tableau monumental de l’artiste Bordelais Jean-Joseph Taillasson représente un sujet inspiré d’un poème antique relatant l’amour interdit de Léandre et Héro. 

Chaque soir, Léandre traverse à la nage le détroit de l’Hellespont pour rejoindre Héro, prêtresse d’Aphrodite. Il est guidé par une flamme allumée au sommet d’une tour. Lors d’une tempête, le feu s’éteint et Léandre se noie. Après la découverte du corps mort de son amant, Héro se suicide en se jetant du haut de la tour, représentée par Taillasson à l'arrière-plan du tableau. 

L'artiste choisit ici de peindre le moment où le drame est à son paroxysme, lorsque Héro trouve Léandre échoué sur le rivage. Le dynamisme du corps de Héro, penchée vers l’avant avec les bras levés au ciel, et le contraste des couleurs entre les deux personnages, soulignent l’absence de vie du corps de Léandre. Le geste dramatique et le visage meurtri de Héro permettent au peintre de rendre compte de l’horreur de la scène. Le tumulte des vagues évoque aussi son déchirement intérieur et la tempête à l’origine de la noyade de Léandre. Taillasson demeure ainsi fidèle à l’expression des passions qu’il a apprise au sein de l’Académie royale de peinture et de sculpture, dont il était membre. 

Outre le choix du sujet, la référence à l’Antiquité se retrouve dans les vêtements de Héro, rappelant l'adhésion du peintre au néoclassicisme. Ce style apparaît en réaction aux galanteries légères du rococo, à la fin du 18e siècle, à la faveur des fouilles archéologiques de Pompéi et d'Herculanum pour se prolonger jusqu'au début du 19e siècle. Il se caractérise notamment par un vif regain d’intérêt pour l'Antiquité gréco-latine.

Aviez-vous remarqué ?

Dans le récit, l’extinction de la flamme cause la noyade de Léandre. Pourtant, dans le tableau, elle est encore allumée, ce qui intensifie le drame de la situation et attire l’attention sur cette tour d'où Héro se jettera. 

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Ce tableau monumental de l’artiste et théoricien Jean-Joseph Taillasson représente l’histoire poignante de Héro et Léandre, tirée d’un poème antique. 
Le texte grec raconte comment Léandre, jeune homme égyptien, traversait chaque nuit à la nage l’Hellespont, c’est-à-dire le détroit des Dardanelles, en actuelle Turquie, pour aller voir l’élue de son cœur, Héro, une prêtresse de Vénus. Celle-ci allumait en haut du phare un flambeau pour guider Léandre jusqu’à elle. Mais un soir d’orage, les vents éteignirent la lumière et le jeune homme se noya. Quand Héro vit le corps du défunt, elle se suicida. Taillasson, Bordelais de naissance et membre de l’Académie royale de peinture et sculpture, présente cette œuvre au salon de 1798 après avoir mûrement réfléchi à sa composition. Il réalisa en effet plusieurs dessins préparatoires, et écrivit aussi un poème sur les jeunes amoureux. Dans sa toile, le peintre décide d’opposer l’oblique dynamique de Héro aux lignes horizontales formées par le corps de Léandre et l’horizon. Néoclassique par les expressions et les poses exagérées des amants, le peintre est aussi pré-romantique dans le traitement tumultueux de la mer. Cette œuvre ornait les murs du Palais Bourbon à Paris avant d’être déposée, en 1989, au musée des Beaux-Arts de Bordeaux. Taillasson s’inscrit dans la lignée de Shakespeare, Rubens, Liszt ou encore Victor Hugo, qui eux aussi ont été séduits par ces deux héros romantiques au destin tragique. 

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