Ce tableau monumental de l’artiste Bordelais Jean-Joseph Taillasson représente un sujet inspiré d’un poème antique relatant l’amour interdit de Léandre et Héro.
Chaque soir, Léandre traverse à la nage le détroit de l’Hellespont pour rejoindre Héro, prêtresse d’Aphrodite. Il est guidé par une flamme allumée au sommet d’une tour. Lors d’une tempête, le feu s’éteint et Léandre se noie. Après la découverte du corps mort de son amant, Héro se suicide en se jetant du haut de la tour, représentée par Taillasson à l'arrière-plan du tableau.
L'artiste choisit ici de peindre le moment où le drame est à son paroxysme, lorsque Héro trouve Léandre échoué sur le rivage. Le dynamisme du corps de Héro, penchée vers l’avant avec les bras levés au ciel, et le contraste des couleurs entre les deux personnages, soulignent l’absence de vie du corps de Léandre. Le geste dramatique et le visage meurtri de Héro permettent au peintre de rendre compte de l’horreur de la scène. Le tumulte des vagues évoque aussi son déchirement intérieur et la tempête à l’origine de la noyade de Léandre. Taillasson demeure ainsi fidèle à l’expression des passions qu’il a apprise au sein de l’Académie royale de peinture et de sculpture, dont il était membre.
Outre le choix du sujet, la référence à l’Antiquité se retrouve dans les vêtements de Héro, rappelant l'adhésion du peintre au néoclassicisme. Ce style apparaît en réaction aux galanteries légères du rococo, à la fin du 18e siècle, à la faveur des fouilles archéologiques de Pompéi et d'Herculanum pour se prolonger jusqu'au début du 19e siècle. Il se caractérise notamment par un vif regain d’intérêt pour l'Antiquité gréco-latine.